Bénévolat: entre altruisme et politique

Par Robert Duchesne

Comment définir le bénévolat alors qu’il a une multitude de champs d’action? Certains parlent de se sentir utile, d’autovalorisation par l’acte charitable. Servir la soupe populaire, accompagner une sortie scolaire, contribuer à l’organisation de fêtes de quartier, la liste est innombrable de situations dans lesquelles on peut s’impliquer bénévolement.

C’est ce que j’appelle, sans préjudice, le bénévolat mou, celui qui répond à un besoin dans notre communauté, dans toutes les facettes de la vie et toutes les strates de population. On le fait par ennui ou par solidarité, ou pour donner un sens à sa vie. Ce qui compte: on le fait et c’est bien, c’est tout!

Ce bénévolat est souvent la phase préparatoire, introductive, à ce que j’appelle le bénévolat dur, le militantisme, non pas par hiérarchisation mais par différenciation des types d’action bénévole.

Le militantisme naît d’une prise de conscience lucide qui incite à l’action. Il touche généralement des problématiques sociétales potentiellement ou effectivement conflictuelles, soit entre entités aux intérêts divergents, notamment dans l’action syndicale, soit entre des instances politico-administratives et divers groupes citoyens, c’est le cas lorsqu’il s’agit du respect des droits civiques et de la protection des écosystèmes.

Dans tous les cas, retenons que le bénévolat est action, et l’action est sans doute le meilleur antidote au désarroi, voire même au désespoir, car en agissant on participe à la solution, on produit et on nourrit l’espoir, on réunit, on solidarise les êtres, on enrichit la société.

Il y a un partage réel dans le bénévolat, dans le sens véritable de réciprocité, comme dans le troc, car tout nous est rendu sous une forme ou l’autre, à un moment ou l’autre; rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme en se transmettant, les valeurs, les actes, les paroles, même les sourires.

Il nous faut néanmoins reconnaître, et nous en prémunir comme société, que le bénévolat sert trop souvent d’outil compensatoire pour les lacunes des services publics, l’État ne jouant pas toujours son rôle primordial pour résoudre les problèmes sociaux et répondre aux besoins des citoyens, comme pour enrayer la pauvreté et l’analphabétisme.

Comme corollaire, le subventionnement public du bénévolat peut aussi servir d’outil de contrôle de l’action citoyenne au détriment de l’indispensable indépendance de réponse aux besoins observés par les intervenants-terrain, comme c’est le cas au sein des ONG travaillant en planification familiale.

Rappelons que l’action bénévole est à la portée de tous ou presque et que nous devons rejeter les préjugés catégorisant a priori comme «bénévolés» certains types de personnes qui sont souvent les «bénévolants». C’est le cas de prisonniers organisant des activités culturelles, sportives ou civiques pour leurs congénères, de personnes vivant avec un handicap et de personnes âgées qui font de même.

Je termine en disant que les bénévoles et les militants sont souvent ceux et celles à qui l’on disait «C’est impossible», et qui l’ont pourtant fait!

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Ce texte fut aussi publié dans Le Nouvelliste (LaPresse Trois-Rivières) et sur le site web du Réseau Vigilance Hydrocarbures Québec

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