Parlons (honnêtement) de parité

Par Laurence Corbeil

Nous voilà finalement au lendemain des élections provinciales, à la suite desquelles ont été élues 28 femmes sur 74 député-es chez la Coalition Avenir Québec (38% de femmes) et 52 femmes sur 125 député-es au total, tous partis confondus (42% de femmes). Sachant cela, il est possible de constater que les député-es de l’Assemblée Nationale sont maintenant en « zone paritaire » sans toutefois que la véritable parité (50%) ait encore été atteinte.

Si ce résultat peut éveiller un certain optimisme à priori, celui-ci soulève surtout cette question, à mon avis : quel est le véritable but de la parité hommes-femmes? Souhaite-t-on qu’il y ait plus de femmes en politique afin de pouvoir constater qu’il y a une certaine égalité des chances dans une assemblée ou un cabinet ministériel ou pense-t-on qu’il soit important qu’il y ait des femmes élues pour défendre les intérêts des autres femmes? La représentation des femmes se suffit-elle en elle-même ou ne faudrait-il pas que celle-ci soit conjuguée à des actions concrètes pour l’égalité des femmes et entre toutes les femmes?

Une chose est sûre : les élues sous la bannière de la CAQ ne représenteront malheureusement pas toutes les femmes si on se fie à la ligne du parti. Visiblement, nombreuses sont exclues d’emblée: les femmes moins nanties, les femmes issues de l’immigration ou dont la famille est issue de l’immigration, les femmes arborant un signe religieux au quotidien, les femmes LGBTQ+, pour en citer quelques-unes. Est-ce donc là une véritable avancée féministe, ou la parité ici n’est-elle qu’une parité de façade? Ultimement, je crois qu’il sera possible de parler d’un véritable pas vers l’avant lorsque les intérêts d’un plus grand nombre de femmes seront défendus à l’Assemblée Nationale, en particulier ceux des femmes marginalisées. La véritable égalité pourra poindre lorsque non seulement les femmes seront présentes en politique mais surtout lorsqu’on mettra de l’avant la défense de leurs intérêts dans leur diversité, plutôt que ceux d’une poignée de femmes uniquement. Ce n’est malheureusement pas pareille réflexion qui semble animer le nouveau gouvernement CAQuiste.

Cet article fut aussi publié dans le journal Métro, édition du 12 octobre 2018

Laisser un commentaire